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Maghreb,
Afrique Noire : pour l'écrivain, que représentent ces mots
et les espaces qu'ils désignent ?
Ce sont des lambeaux d'imaginaires qui sont constamment décousus
et qu'on essaie de rafistoler. Les frontières y sont tangibles,
comme le soulignent les passages d'un pays à l'autre : difficiles,
soumis à périls, et donc, quelque part, l'imaginaire
aussi se casse les dents sur ces frontières. Cela renforce la
méconnaissance : les territoires restent inexplorés,
comme voué à la discrétion. Les jeunes du Maghreb
ne font pas assez attention à ce qui se passe de l'autre côté dans
l'Afrique subsaharienne, et vice-versa, j'en ai le sentiment. Il n'existe
pas ce qu'on peut rencontrer en occident, où un auteur italien
peut-être tout de suite perçu en Scandinavie où aux États
Unis, ces autoroutes qui permettent à un génie d'aller
très vite vers les autres et de se découvrir. J'ai de
l'Afrique la perception d'un continent en charpie et son imaginaire
fantastique demeure une pièce dans un puzzle qui n'a pas encore
réussi à se faire et à se déterminer.
Et pourtant, la géographie de l'Algérie présente à la
fois une sorte d'aspiration vers les côtes et une entrée,
presque une entaille, dans le continent.
Il y a les deux : cette attraction qui est une influence permanente
du désert, et puis il y a cette évasion qui s'évapore
sur les côtes algériennes. L'Algérien est écartelé entre
ces deux tendances. Nous sommes des extrémistes, que ce soit
dans la pensée, dans le quotidien, dans les engagements, et
c'est sans doute pour cela qu'on n'arrive pas à équilibrer
les tendances, qu'on bascule d'un côté ou de l'autre.
Soit on est du Sud et on est proche du Sahara, soit on est du Nord,
et on est très ouvert sur l'Occident.
Est-ce alors pour cette raison que dans vos romans
il y ait si peu de référence à l'Afrique Noire
?
Ce n'est pas une distance, c'est une méconnaissance, une ignorance.
Je ne connais que le Mali. Je suis allé à Gao, en tant
que membre du comité de suivi de la trêve. J'ai connu
un peu le peuple malien, j'ai perçu ses déchirements
manifestés par la rébellion et par la guerre, mais je
ne peux pas imaginer les autres pays comme le Mali. Non, ce n'est pas
possible. Voyez-vous, c'est ainsi : je peux concevoir l'Italie ou me
projeter dans le fin fond de l'Espagne, mais pas en Afrique. Je suis
incapable d'imaginer. Pire, il y a comme une sorte de blocage dans
l'imaginaire, ce qui n'est pas le cas pour l'Europe ou pour l'Asie.
Ce sont des contrées qui me parlent très vite. D'Afrique,
ce qui me vient, ce sont des éclats, des malaises que je ne
parviens pas à mettre en mots. Est-ce à cause du tribalisme
? de la coexistence des ethnies, des fractures qui remontent à la
nuit des temps et qui continuent encore aujourd'hui à morceler
toutes les identités et à émietter toutes les
initiatives qui consistent à rassembler ces peuples autour d'un
idéal commun ?
La guerre fratricide est pourtant aussi d'Algérie. Comment percevez-vous
alors votre rapport à ces espaces différents que vous
arpentez ?
Ce n'est pas du tout la même chose. Quand je suis en Algérie,
je suis dans une quête permanente, névrotique. J'essaie
de traquer toutes les traces de mon pays, pour essayer de remonter
jusqu'à lui. C'est un pays qui m'échappe, quand même.
Parce qu'il m'énerve, et qu'il ne livre pas tous ses secrets.
C'est un véritable casse tête chinois. Par contre, quand
je suis à l'étranger, par exemple en Europe, j'attends,
je suis dans l'attente, j'attends comme une voix, j'attends comme un
signe. Je me sens étranger, je ne veux pas m'imposer tout de
suite. Je suis comme quelqu'un qui est dans une antichambre, dans une
salle d'attente, à guetter ce signe qui le ferait entrer quelque
part. Et puis je suis dans la prudence. En Algérie, je suis
dans l'offensive aveugle, et j'ai une très grande confiance
dans les risques que je prends. Je ne me sens pas diminué, je
ne me sens pas vulnérable, je me sens pratiquement inexpugnable
en Algérie. J'ai le droit de dire ce que je veux parce que c'est
mon monde. C'est un pays que je secoue, que j'essaie d'interpeller, à qui
je fais subir un interrogatoire musclé, toujours. À l'étranger,
c'est forcément différent. Il y a des villes qui me parlent
très vite : Florence m'a tout de suite interpellé, mais
Dublin m'a tourné le dos. Elle était un peu agacée
par ma présence. Il m'est impossible de percevoir une ville
autrement qu'en la personnalisant, en relevant son talent, ou sa médiocrité.
J'ai des rapports assez humains avec les villes.
Revenons à la guerre, aux guerres fratricides. Vos romans racontent
aussi des projets politiques avortés, cette difficulté à alimenter
une espérance démocratique vivante et non mortifère,
où l'on semble attendre le "vote des bêtes sauvages",
pour reprendre le mot de Kourouma. Vous même écrivez dans
L'Imposture des mots : "Souvent, les fauves font montre de plus
de retenue que nous". Peut-on quand même essayer d'identifier
des proximités ?
Tous les combats tendent vers un espoir, aussi monstrueux soit-il,
aussi stupide nous apparaisse-t-il. Ce qui se passe en Afrique, trop
souvent, nous apparaît d'une médiocrité intellectuelle
insupportable. Je crois que les conflits sont très différents.
Ramener tout au tribalisme pose problème, vraiment. Ce sont
des jeux d'actions et de réactions en chaîne. On l'a vu
au Kenya encore, où le politique a été ramené au
plus dérisoire, mais dans le sang et dans l'incendie. C'est
stupide. Il ne faut pas ramener ces guerres à leurs conséquences,
il faut considérer leurs fondements. En Algérie, les
gens sont beaucoup plus mûrs. Contrairement à une idée
reçue, il n'y a pas de guerre civile en Algérie. Il y
a un intégrisme, qui est un phénomène international,
qui a essayé de trouver des espaces vitaux et bien sûr
il a choisi de prospecter en territoire musulman. Mais la société civile
demeure quand même très vigilante. On n'a pas vu par exemple
un village algérien aller dans un autre village et massacrer
les habitants. Nous sommes tous massacrés par les mêmes
ennemis de ce peuple. En Afrique, c'est totalement différent.
Les parties en présence ressemblent à deux fils électriques
dénudés et il suffit qu'ils se touchent pour qu'il y
ait cette réaction absolument repoussante. Ce qui est le plus
inquiétant, c'est qu'en Afrique, il n'y a plus de recul, il
n'y a plus de lucidité, il n'y a plus de sagesse. Ainsi, les "génocideurs" au
Rwanda sont encore persuadés, face au tribunal, d'être
les victimes de ceux qu'ils ont éliminés et prennent
les postures de bouc émissaire, de victime expiatoire.
Et c'est peut-être cela qui empêche l'Afrique de relever
la tête. Les réconciliations sont imparfaites : c'est
toujours sur le sang encore frais, les plaies toujours ouvertes, et
on est toujours prêt à répondre à la provocation.
Mais est-il si certain que les choses fonctionnent
en soi, sans rapport avec le monde, considéré dans ses interactions ? Pensez-vous,
par exemple, que la pensée de Frantz Fanon puisse être
un levier pour comprendre ces phénomènes, cette mauvaise
foi, notamment ?
La pensée de Fanon est toujours d'actualité. Il a très
vite compris où allait l'Afrique. Et où allait aussi
l'Occident. Tous les rapports sont des rapports de force. On est très
loin de l'empathie, et très proche de la prédation. Chaque
partie essaie de surexploiter l'autre, de lui voler tous ses biens
et de l'assujettir. Fanon a vu juste, par exemple, que, malgré les
extraordinaires travaux qu'ils ont accomplis pour leur indépendance,
les Algériens allaient faire l'objet d'une régression.
Si une société ne dispose pas d'une plate forme intellectuelle
assez consistante, s'il n'y a pas de personnalités fortes en
mesure de conseiller une nation, de réfléchir à un
projet politique, et d'asseoir de façon culturelle la venue
et l'avenir d'une nation, alors cette nation va droit dans le mur.
Le temps est venu de revenir à cette œuvre majeure, qui
concerne en même temps l'occident, parce que lui aussi donne
l'impression de s'effondrer intellectuellement. Il ne pense plus, il
ne réfléchit plus. Il est assujetti à des considérations
roturières, purement économiques et financières,
sans considération de l'homme, de la famille, de la pensée,
en tant que génératrice de toutes les espérances.
On est dans le calcul, on est dans la rentabilité, on est dans
la mesquinerie, dans des tractations sordides et machiavéliques.
Depuis mon recul, je vois l'occident se banaliser, se bananiser : ça
ressemble de plus en plus à des républiques bananières
avec des dictateurs qui se silhouettent à l'horizon. On voit
les mêmes cours que chez nous ou dans les sultanats, avec les
mêmes trafic d'influences, le même népotisme, et
le discours qui est adressé à une nation non pas avertie,
mais à une nation cheptélisée. Dans les livres, à la
télévision, l'attention est captée par le dérisoire,
tout ce qui est réducteur, tout ce qui est indécent.
Et ce superbe occident est en train d'épouser les dérives
que connaissent d'autres continents, ou bien les pays musulmans. On
est dans la même déconfiture.
L'occident n'a pas le droit de tomber si bas. Parce qu'il n'a qu'à lever
les yeux, qu'à ouvrir sa fenêtre pour voir son génie
s'étaler à chaque coin de rue. Il a des lois, il a des
parlements. En Afrique, il n'y en a pas : on ouvre sa fenêtre,
si on a une fenêtre, ou bien on regarde par le trou dans le mur
et que voit-on ? Rien.
Votre jugement est sévère. Faites-vous le même
en ce qui concerne la littérature ?
Il y a des postures qui différencient nettement l'Afrique noire
du Maghreb, ce sont celles des écrivains, qui sont des porteurs
d'espoir. Chaque pas qu'ils font dans la vie est une prouesse, tant
il a fallu déployer d'énergie pour qu'ils parviennent à devenir
justement ces porteurs de paroles. Ces écrivains arrivent de
loin. Au Maghreb, c'est justement tout à fait le contraire.
Il y a une haine implacable entre les écrivains et les artistes
du Maghreb. Je suis l'incarnation, le miroir qui reflète le
mieux cette haine et ce rejet. Nous n'arrivons pas, parce que nous
demeurons cheptélisés par le pouvoir à construire
cet idéal, cette utopie dont sont bien plus souvent porteurs
les écrivains d'Afrique noire. Qu'est ce que l'utopie ? Quand
tous les rêves sont éconduits, il reste l'utopie pour
les réinventer. Sinon, c'est foutu. L'utopie est le premier
jalon nécessaire à l'humanité pour se réinventer.
Et il faut en convenir, l'utopie n'existe pas au Maghreb, alors qu'on
la perçoit de manière très forte chez les écrivains
de l'Afrique noire. Pour exprimer ce malaise, je vous fais la proposition
suivante : si vous voulez entendre dire du mal d'un écrivain
algérien, allez rencontrer un autre écrivain algérien.
Chez nous, un écrivain, c'est d'abord quelqu'un qui n'admet
pas que les autres ne reconnaissent pas qu'il a écrit un chef
d'œuvre. On est dans la schizophrénie : on crée
des cloisons, on s'enferme dans sa propre folie. On n'a pas l'ambition
de construire des ponts.
Mais alors comment rendre compte de votre propre
participation à un
livre comme Nul n'est une île, publié en 2003 à Montréal
par Mémoire d'encrier, dans le sillage du salon de Cayenne ?
Oui, exceptionnellement il y a eu des points de rencontre. Nous avions
tous passé une semaine extraordinaire à Cayenne. Je ne
connaissais aucun de ces écrivains. Mais j'ai été tout
de suite adopté. C'est cette spontanéité, et quelque
part cette naïveté que nous avions tous adoptée à ce
moment et dans ce lieu qui nous manque à nous, écrivains
du Maghreb. Nous demeurons dans notre mégalomanie, nous perdons
le sens du discernement, toute humilité et bien sûr chacun
essaie de crier plus fort que l'autre non pas pour se faire entendre,
mais pour supplanter la voix de l'autre. Alors que pour faire peur à ce
destin qui s'acharne contre nous, il faudrait réunir toutes
nos voix et pousser un rugissement tonitruant.
Est-ce alors le ce
rcle des écrivains du "Sud" qui
devrait être plus marqué ? Est-ce qu'un manifeste comme
celui des écrivains du collectif pour la littérature-monde
ne rend pas possible une sortie de ces catégorisations à la
fois impropres et réductrices ?
Littérature-monde ? Je trouve cette posture complètement
ségrégationniste, parce qu'elle consiste à rehausser
le prestige des uns et à réduire le travail des autres.
Moi, je suis un écrivain algérien, traduit en trente
langues. J'ai un lectorat immense, en Asie, en Amérique ou ici
en Europe. Je suis beaucoup plus connu en Asie que dans le monde arabe.
Non, je crois que tout dépend du talent. Face au talent, le
lecteur se fiche complètement de ces catégories. Il cherche
un auteur et s'il adhère à ce qu'il dit, s'il découvre
en lui sa propre voix, il va le suivre jusqu'au bout. Il faut aussi
reconnaître que nos écrivains ne fournissent pas les efforts
suffisants pour s'imposer dans le monde. Ils se contentent d'être
parrainés. Le plus grand danger pour un écrivain, c'est
d'être parrainé. Moi si je l'avais été au
départ, jamais je n'aurais écrit ni L'Attentat, ni Les
Hirondelles de Kaboul ni Les Sirènes de Bagdad. Et encore moins
le livre que je suis en train de terminer. Je me serais contenté de
poursuivre la série des enquêtes du commissaire Llob.
Il ne faut pas se contenter de protester contre la hiérarchisation
du talent et du génie, il faut prouver qu'on vaut beaucoup plus
que ceux qui vous hiérarchisent. Ce que j'ai déploré dans
cette lettre manifeste -ou lettre testament- de la littérature
monde, c'est que ce sont des auteurs généralement soutenus,
primés, et consacrés par la France qui l'ont écrite.
Moi, je ne suis soutenu par personne, au contraire, je suis disqualifié d'avance,
et je n'ai jamais été consacré par l'institution
littéraire française, alors que mes tirages sont importants.
Eux qui sont consacrés avant d'avoir même terminé leur
livre, ils éprouvent le besoin de renier leurs appuis. Moi,
je suis dans le monde, parce que j'ai travaillé pour cela, parce
que je ne suis pas parrainé, parce qu'il faut que je prouve
aux autres ce dont je suis capable. Je ne peux pas intervenir dans
ce manifeste, je n'ai pas besoin de cela. Si l'on est classé quelque
part c'est parce qu'on n'a pas réussi à convaincre que
l'œuvre vaut beaucoup mieux que cette classification. Certes,
il faut aussi le reconnaître, il y a des stéréotypes
qui ont la peau dure et qui continuent à nous gâcher l'existence.
Mais c'est à nous et à personne d'autre de renverser
ces stéréotypes.
Mais pourquoi ne m'ont-ils pas sollicité pour la rédaction
de ce manifeste ? Il y a déjà du clanisme chez ceux qui
refusent d'être enclavés, et ils excellent ici dans l'exercice
de l'exclusion. Il sont déjà injustes avec les leurs,
alors comment seraient ils justes avec les autres ? Mais il faut quand
même le relever, ce sont surtout des auteurs qui appartiennent à des
maisons apparentées. Tandis que moi, j'ai déjà un
handicap, qui est comme le cliché absolu qui me concerne. La
plupart des notices qui concernent mes livres contiennent ceci : "…ancien
militaire…". Je suis d'emblée disqualifié.
Mes lecteurs doivent déjà soulever cette barrière.
Les postures, aussi, sont aussi différentes. Certains des auteurs
signataires sont des "exilés". Moi, je ne suis pas
un exilé. Je suis un immigré. Personne dans mon pays
ne peut me dire de foutre le camp. J'y fait ce que je veux, parce que
je suis chez moi. Si ces auteurs veulent grandir dans l'estime des
autres, il faut qu'il renoncent à la posture de victime expiatoire
comme à traîner leurs pays dans la boue. Moi, quand j'attaque
mon pays, j'attaque un système, et je mets en scène des
Algériens qui sont positifs, qui se battent pour l'idéal
d'une nation. Ça n'a rien à voir avec ceux qui présentent
les pays d'Afrique, ou bien l'Algérie, ou le Maroc, comme un
dépotoir qui aurait pour vocation de ne produire que des ordures
et des détritus humains. Cela, je ne le supporte plus. Il ne
faut pas oublier qu'il y a des lecteurs, qui nous regardent à travers
nos textes, et qui ont besoin de gens sincère.; Il faut qu'ils
se réinstallent, ces auteurs, dans leur sincérité,
et après ils pourront revendiquer le monde.
Il y a donc une morale de l'écriture ?
Pour moi, la morale est fondamentale. Je ne peux pas capter un lecteur
pendant des heures, et passer mon temps à lui mentir et à l'apitoyer.
Le lecteur a déjà l'extrême générosité d'acheter
mon livre. Je n'ai pas le droit de le décevoir. Donc, quand
j'écris mon livre, il faut que mon histoire soit forte et consistante.
Sinon, ce n'est pas la peine. Moi, je me tue à écrire
un livre. J'écris dans une langue que je ne parle pas. J'ai
commencé à parler français, et encore je ne le
parle que de façon assez médiocre, qu'à partir
de janvier 2001. Et quand j'écris, chaque phrase, je la réinvente.
Toutes les formules, tous les aphorismes sont à moi. Je n'ai
pas de ces automatismes qui me replongent immédiatement sur
quelque chose qui est très courant. Il faut que je me batte.
Parfois, certains mots d'une grande banalité m'échappent.
Je n'en dors pas de la nuit. Je leur trouve des substituts qui sont
assimilables à des barbarismes, jusqu'au moment où le
mot revient, et a la gentillesse de me dire : "me voici".
C'est cela le travail d'un écrivain. L'écrivain ne s'achève
ni dans la protestation, ni dans la revendication identitaire, mais
il s'ouvre sans cesse à l'universel, qu'il souhaite incarner.
La morale, alors, n'est elle pas le dernier espace
de résistance
face aux impostures du politique, et surtout, à la médiocrité ?
J'ai toujours porté la morale en bandoulière. Quelquefois
en bouclier. Elle ne m'a jamais quitté, et m'aide à survivre
dans un monde de connivences, de méchancetés gratuites,
de jalousies, d'exclusion. C'est peut-être cela aussi qui m'a
permis de convaincre mon lectorat. Je ne peux vivre sans morale. Je
suis musulman pratiquant, non pas parce que je crois au Paradis, mais
parce que je veux m'installer dans la morale. Je suis très scrupuleux
vis à vis des uns et des autres. Si par exemple je venais à blesser
quelqu'un par inadvertance, par maladresse, je souffrirais deux fois
plus que lui. La morale permet à l'humanité d'avancer
depuis la nuit des temps, et si elle venait à disparaître,
alors l'humanité replongerait dans cette nuit.
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