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Etudes haïtiennes

   

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date et lieu de parution

 
  Iconographie, schizophonie et autobiographie dans H’éros-chimères de Frankétienne

journée d’études consacrée aux
«Voix poétiques et romanesques de la Caraïbe» Lundi 17 mars 2003
Université PARIS IV-Sorbonne Salle des Actes

 

 
 


Depuis ses origines et ses premiers textes, la littérature haïtienne porte en elle un double questionnement : qui en sont ses destinataires ? quel est le statut esthétique, mais aussi social et forcément politique de la représentation qu'elle met en œuvre ? C'est essentiellement cette seconde question qui retiendra aujourd'hui mon attention, encore que, on s'en doute, les deux interrogations soient liées. On partira de cette considération : depuis la prise du pouvoir par les Duvalier, la représentation du réel haïtien est l'objet d'un questionnement de la part des écrivains. Il a fallu déconstruire les schèmes par lesquels des syntaxes collectives de raisonnement se déploient dans un naturalisme en trompe-l'œil : la société haïtienne est déclarée clivée, morcelée, sans possibilité de projet. Représenter cet état oblige l'écrivain à se cantonner dans une posture critique et dénonciatrice. On l'a vu dans l'œuvre de Jacques Stephen Alexis, par exemple, ou dans celle de Jean Metellus. La chute de la maison Duvalier, amorcée dans le début des années 1980 a rouvert un espace de possibles dont témoignait par exemple Les Affres d'un défi, de Frankétienne : la fin du livre montrait que le renouvellement social devenait possible. Mais le retour de la dictature, peu après, a, au contraire, renforcé les démarcations, et donc l'émiettement social. La plupart des œuvres récentes, de Yannick Lahens, Lyonel Trouillot, ou Emile Ollivier ont montré comment la représentation du réel haïtien s'achevait dans l'ordure et dans la fange, et comment peu à peu, le discours social, incapable de sortir de l'ornière dans laquelle il s'était enfoncé participait d'une culpabilisation des victimes, plutôt que de l'utopie d'une libération. C'est dire que le paysage littéraire haïtien est à la fois désespéré et désespérant, et que ce désespoir gagne régulièrement en paroxysme. Les Enfants des Héros
1, de Trouillot, a montré, par exemple, comment c'est bien depuis les fondations que le mal-être était inscrit.
Chez les écrivains cités ainsi que chez Frankétienne, ce qui est en jeu est bien une crise de la représentation. Voici ce qu'écrivait à ce sujet, il y a peu, le regretté Emile Ollivier dans son dernier essai, Repérages :
Haïti connaît actuellement à la fois une crise des représentations et un essoufflement des formes artistiques qui ont pour effet de mettre les intellectuels et les artistes dans l'impossibilité de définir l'"espace des possibles" qui s'offre à eux dans les conditions actuelles de la production artistique et culturelle ; effondrement social, éclatement des lieux d'intégration et de socialisation, impuissance des instances étatiques, absence d'orientation, de support confinant les protagonistes du champ artistique, lors même qu'ils sont surpolitisés, sinon dans une situation aveugle de sens, en tout cas dans une situation dont le sens risque certainement de leur échapper à eux, les protagonistes. Comment dans de telles conditions exercer sa responsabilité d'artistes malgré les difficultés inextricables ? Comment refuser le désespoir et se lancer dans des combats à l'issue incertaine ? Comment s'emparer du réel pour en faire le matériau de l'oeuvre sans concession ?
2
H'éros-Chimères
3 est un livre-objet qui reprend à son compte ce questionnement. D'emblée, le lecteur remarque que depuis L'Oiseau schizophone, qui était un premier signal d'alerte sur le retour de la posture dictatoriale, l'image prend plus de place. La mise en page fait appel avec plus de force au collage, de textes manuscrits, de reproduction de phototographies, mais surtout de dessins de Frankétienne. Les caractères d'imprimerie pour le texte de base sont considérablement agrandis, certains textes sont inclinés, invitant le lecteur à manipuler le livre, à le tourner. Le texte lui-même participe d'un épuisement de l'adjectif, et des stéréotypes poétiques, par une hyperbolisation incessante. Comment cet ensemble fait-il sens, et de quel sens l'auteur nous fait-il part ?
On constatera tout d'abord que Frankétienne inscrit résolument son œuvre dans une triple histoire qui est à écrire, encore : celle d'Haïti, la sienne propre, mais tout d'abord celle plus récente de la littérature de ce pays.

Paru en 2002, H'éros-chimères, est une spirale. Plutôt que chercher à retenir le spiralisme dans une définition, il est important de le situer dans l'histoire des lettres haïtiennes. Il convient de remonter le temps un moment et de rappeler cette conférence donnée par Alexis, en 1956, Les prolégomènes à un manifeste du réalisme merveilleux des Haïtiens, qui en appelait à la mobilisation collective des consciences, mobilisation militante capable selon Alexis et les écrivains de sa génération, de rendre possible une volonté de mieux vivre, c'est-à-dire de permettre à la nation haïtienne de résoudre ses difficultés et d'accomplir des tâches essentielles à ce mieux-vivre. Alexis déployait le mythe humaniste de la « belle amour humaine » : chaque parcelle du réel recèle et donne en même temps à déceler la part de merveille qui ouvre tout être à l'espace des possibles euphoriques. Le réalisme merveilleux décrit la part solaire de cet humanisme. Las ! le démon Duvalier et ses sbires ont plongé le réalisme merveilleux dans la flaque, comme l'écrit Régis Antoine. Tout le champ des possibles est obstrué par cette horreur et cette angoisse quotidiennes. Haïti Littéraire a été le mouvement de recul et de déprise mené par des intellectuels et des écrivains haïtiens pour se prémunir contre la dégradation générale du discours. Franketienne sait s'en souvenir : on en a une belle évocation dans H'éros-chimères, p.323, où l'on voit représentés autour d'une table et de quelques verres, les membres du groupe, en 1962. Plusieurs se sont exilés, comme Emile Ollivier, Roland Morisseau, Anthony Phelps, René Philoctète. Le groupe s'est dissout, les amis se sont séparés. Le texte commente cette image : « Tant de lézardes et de cassures sous les brûlures du temps. Mais l'amour reprend chair hors des scories du désespoir ». Comme si, malgré la distance et le temps, le cercle s'était prolongé et avait justement pris la force et la force de la spirale.
Le spiralisme est la continuation et l'approfondissement de cette décision : plus qu'un mouvement littéraire animé par trois écrivains (Franketienne, Fignolé, Philoctète), c'est une rébellion contre toute tentative d'enfermement, une folie revendiquée quand la dégradation des conditions de prises de parole prend le nom de normalité. Cette voix résolument dans l'oblique, se doit de prendre au plus près la forme du chaos, d'ouvrir le puits par où s'échappent les paroles les plus informes, sensées représenter la raison. C'est pourquoi cette langue est si subtile, malgré son apparence féroce et térébrante : il s'agit de ne pas se scléroser dans une ornière, dans un centre absolu, mais l'ayant rejoint, d'en prolonger la trajectoire sur l'infini des possibles, de s'ouvrir sans relâche au changement, aux bifurcations. De l'expérience des générations d'écrivains qui l'ont précédé, Franketienne retient qu'il ne convient plus de jeter des mots sur la haine de soi et de l'autre (si prégnantes en Haïti et dont le sens est pourtant presque toujours énoncé), sur la misère provoquée et reconduite, sur la boue des bidonvilles, sur la maladie et la crasse accumulées, sur la torture et sur l'assassinat, sur la banalisation du mal politique, comme l'écrit André Corten, pour atteindre la terre promise. Mais bien au contraire, de s'y plonger et de mimer en quelque sorte ce désastre pour secouer réellement les consciences. Il est vital de mettre en crise ces syntaxes collectives de raisonnement qui se fondent sur l' « érosion de la langue creusée par le mensonge au flanc des utopies exsangues », sur ce « Vocabulaire privé de sève », cette « sémantique sans substance ». « Faudra-t-il bien, tonne Franketienne, qu'on brûle les dictionnaires débiles et les lexiques prétentieux ». La spirale est toujours en avant du texte commun qu'elle met en crise, et c'est cet précédence du texte de la spirale sur sa lecture qui en rend sans doute difficile le commentaire, commentaire qui vise, justement dans la tradition occidentale universitaire, à en épuiser les significations.
Mais en même temps, on comprend qu'un tel projet se déploie aux limites même de l'écriture littéraire, puisqu'il est lui-même travaillé par le paradoxe. Dans ce labyrinthe qui cherche à dépasser sans cesse l' « Ultime », le seul repère est encore la voix du scripteur-narrateur-éjaculateur de mots : « Je ne pourrai jamais effacer l'essentiel de ma voix pour m'abstraire de mon œuvre » (H 'éros-chimères, p . 311). Ce paradoxe a un nom chez Frankétienne, la schizophonie : on peut très sommairement se la représenter comme l'attitude ou la posture de l'artiste, en rupture avec le langage courant dégagé de son exigence de vérité, mais qui se rend compte peu à peu que ces sons qu'il entend et qu'il produit sont aussi les seuls à même d'évoquer le chaos et la pollution qui atteignent le monde (c'est-à-dire aussi le langage), par la voie du néologisme, de l'invention lexicale, des rimes et des échos, des allitérations et des rencontres de sons et d'images. Le titre même de ce livre met en jeu cette posture : l'héroïsme et l'amour, assemblage fabuleux, mais aussi vaine imagination, merveille contre nature, organisme mutant. Mais aussi les chimères sont ces milices qui actuellement sèment la terreur dans Port-au-Prince la nuit. La schizophonie, c'est enfin le fait d'intégrer cette idée qu'il y a une affinité entre le chaos et le vide, entre le trop plein et le trop évidé. C'est la langue en situation de chaos et de vide idéologique. Par là, on voit que la schizophonie n'est pas propre à Haïti. Comme le dit Franketienne, « Haïti est une référence du monde, une image agrandie du malaise mondial ».
La spirale H'éros-Chimères, prolonge la critique de la langue ouverte par L'Oiseau Schizophone. Frankétienne y confronte systématiquement le signe iconique et le signe linguistique. La spirale se déroule comme une danse érotique entre ces deux dimensions de la signification, et déconstruit les répartitions culturelles assignées à la littérature, dans ses aspects oniriques, érotiques, autobiographiques, mais assignées également aux domaine de l'image, de l'icône, du hiéroglyphe, du pictogramme. L'image - adoptons momentanément ce mot pour désigner ce qui dans le livre n'est pas constitué par des mots - ne se décrit pas dans un rapport d'illustration : elle fait sens, mais de façon non médiate et non immédiate. Elle n'ouvre pas l'accès à un au delà des mots ni à un deçà de la représentation sur ce qui est représenté. Il s'agit plutôt d'une secousse, qui atteint l'ordre du monde, et l'ordre de ses classifications. La spirale schizophone n'est pas fonctionnelle : elle n'a pas pour but de faire mieux voir, ce n'est pas une technique d'analyse du réel, plus ancrée dans la vérité que d'autres discours. Mais en bousculant ce qui dans le discours est de l'ordre de l'autre discours, celui qui n'est pas entendu, elle participe d'une subversion des hiérarchies courantes. L'écriture, pour Frankétienne, est immédiatement vouée à la pluralité, et se détourne des classifications idéologiques.
La première de ces classification consiste à dissocier l'histoire individuelle de l'autre, l'Histoire. Mais H'éros-Chimères traite de la rencontre de la propre histoire de Frankétienne et de celle d'Haïti. Ainsi, il plonge son regard dans la chronique de sa naissance : histoire terrible, sa mère ayant été violée à l'âge de treize ans par un industriel américain vivant en Haïti et président-directeur général du chemin de fer Mac Donald, et qui avait adopté Annette Etienne D'Argent, lui faisant apprendre à lire et à écrire en anglais et en français. C'est d'une rupture majeure dont il est question dans ce livre empreint d'une émotion rare. La spirale a précisément cette force de pouvoir co-inscrire dans le texte cette articulation décisive de l'histoire d'un être et de la non-histoire de l'absence d'une nation. Ainsi, p.116 : « Calamités majeures et méfaits historiques, aux cris de mes critères à ne jamais me taire, tant que je n'aurai dit ce qui me noue le cœur aux grandes crues des aveux, où s'abolit le fleuve des ignominies blanches, des servitudes antiques et des peurs africaines, aussi bien que la honte et les lâchetés occultes de mes ancêtres noirs ». L'autoportrait retravaillé graphiquement de la p.241, la face tavelée de « piqures d'étoiles brûlantes » propose un contre-signe de la figure littéraire française du retournement de l'âme sur la figure, topos de la vérité de l'être depuis Les Liaisons dangereuses, de Laclos : « Moi, nègre haïtien natifnatal, avec peau à l'envers et yeux de mer profonde, je suis un survivant de toutes les catastrophes, un authentique MUTANT ». Et c'est essentiellement à partir de cette décision que l'histoire d'Haïti est relue et réévaluée.
Quand il dénoue les anneaux solidement amarrés de la mémoire refabriquée depuis 1804, Frankétienne met en évidence le caractère strictement virtuel de son pays Haïti : le pays existe et n'existe pas, à la fois, car Haïti a toujours été « un rêve inouï. Un projet de libération, d'autonomie, d'indépendance et de souveraineté infiniment inconcevable, quasiment impossible, par rapport à la prédominance indiscutable des idéologies obscurantistes et à l'hégémonie des puissances impériales esclavagistes et colonisatrices » (p. 154). Le lent naufrage a commencé avec la condamnation universelle de ce projet. Cette terre a été en effet « une anomalie, un défi, une menace » (p. 157). Et peu à peu, l'en dehors s'est emparé de l'en dedans, le projet s'est dégradé en exercice de la rapine, quand sur le plan des formes sociales et culturelles, c'est de l'extérieur que s'originait la définition des pratiques de socialisation et d'acculturation. Le mouvement indigéniste lui-même, qui en appelait à la réinscription culturelle native-natale contre la tentation du bovarysme, s'est lui aussi inscrit dans cette histoire au nom d'un universalisme. Depuis bien longtemps, Haïti a cessé d'exister ailleurs que dans la conscience éteinte de ceux qui se sont battus pour la faire émerger, et de ceux qui portent en eux le souvenir de ces guerriers orphelins et dont les enfants sont sans héritage. Le beau roman de Fabienne Pasquet, La Deuxième Mort de Toussaint-Louverture
4 a rappelé récemment cette dissolution du rêve, et en quoi cette dissolution nous importe à nous, en Europe. A l'héroïsme de l'Indépendance a succédé une bouffonnerie tragique : « la paix des baïonnettes et des cocomacaques sur une population de zombis affamés emmacornés par les liens de l'impuissance et de la peur » (p. 158).
Ce que met en évidence l'écriture de Frankétienne est bien de nature paradoxale : Haïti est devenue "un « black hole », une horrible béance obscure, une effroyable étoile éteinte qui continue encore aujourd'hui à dégager une énergie énigmatique, prodigieuse, puissante, mystérieuse, mais malheureusement négative, happant violemment et bouffant tous les corps qui, fascinés par la Gueule du Néant, s'approcherait d'Elle par ignorance, par imprudence ou par curiosioté ". Et ce texte est alors ponctué d'une note reprenant l'écriture manuscrite de Frankétienne : « L'indécence de l'oubli au tangage de la mémoire engourdie de terreurs » (p.159).
Car écrire c'est justement se démarquer de l'oubli. C'est assurer coûte que coûte le métier de vivre et surtout d'aimer : il y a dans l'écriture de Frankétienne une aspiration constante à la rencontre de l'autre désigné comme autre et non comme semblable. Et le premier de cet autre est, pour l'auteur, le féminin. Il y a dans ce livre des pages où le dit de l'amour et du désir accroche avec aussi beaucoup d'émotion et de luminosité la spirale de l'histoire et du politique. Ecrire sans relâche c'est ainsi ne pas se laisser tromper, mais assumer totalement « l'illusion de recueillir les derniers reflets de l'âme » (p. 315), et se maintenir sur une ligne de crête, avec tous les mutants du royaume des H'éros-chimères. Souvenons nous a contrario que nombre de ces héros de romans d'Haïti, les Manuel, de Gouverneurs de la rosée, ou Hilarius Hilarion de Compère général soleil, finissent leur vie misérablement. C'est contre cet horizon-là que Frankétienne, mais aussi les écrivains d'Haïti littéraire avaient levé la tête.
Ce livre, qui marque à mon sens un pas important dans l'œuvre de Frankétienne, a reçu le Prix Carbet de la Caraïbe. Le jury qui l'a choisi a reconnu, enfin, la portée essentielle de cette œuvre, malgré sa fabrication artisanale et donc sa difficile diffusion..
Le mois prochain, Frankétienne sort un ouvrage, qui, je crois va encore travailler cette dimension de la biographie, à la fois posée et déposée, qui dénonce dans sa propre dynamique ce que Des Forêts, par exemple, décrivait comme « l'imposture de toutes postures ». L'écriture de Frankétienne a l'exigence de ses renoncements. Il m'a dit que ce livre comptait 816 pages...
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H'éros-Chimères est la trace d'un état utopique du texte dans la spirale, qui s'apparente à ce que Barthes nommait en 1975 « le bruissement de la langue » : « j'entends par là que dans son état utopique la langue serait élargie, je dirais même dénaturée jusqu'à former un immense tissu sonore dans lequel l'appareil sémantique se trouverait irréalisé ; le signifiant phonique, métrique, vocal se trouverait dans toute sa somptuosité sans que jamais un signe s'en détache (vienne naturaliser cette pure nappe de jouissance), mais aussi - et c'est là le difficile - sans que le sens soit brutalement congédié, dogmatiquement forclos, bref châtré». Dans la lecture du texte, dans la secousse provoquée par l'image, il y a, une fois que l'on dépasse le caractère monumental de la forme, une force latente qui bruit effectivement comme une rumeur mentale, celle « des chemins massacrés, la pathétique musique de nos ombres saccagées » (p. 240). La question de la représentation en est par là renouvelée de façon ininterrompue, malgré le caractère volontairement fragmenté des différentes séquences de la spirale. C'est ainsi que le sens, innommable dans l'instant, est posé au loin comme un mirage levé au loin au milieu de nulle part et qui fait espérer l'oasis. Telle une «Musique en métamorphose. A la proue du silence. » (p.202).

Yves Chemla
1 Trouillot, Lyonel , Les Enfants des héros, Arles, Actes Sud, Générations, 2002
2 Ollivier, Emile, Repérages, Montréal, Léméac, L'Ecritoire, 2001 p.84
3 Frankétienne, H'éros-Chimères, spirale, Chez l'auteur, s.d. [2002]
4 Actes Sud, Arles, 2001

 

 

 

  Mise à jour le : 24/01/09